Note d'intention pour une résidence à
mains d’œuvres, St-Ouen du 5 au 9 mars 2012.
Les projets musicaux sur lesquels je travaille depuis une dizaine d'années maintenant, s'articulent et se pensent autour d'une situation, son contexte, et les fragilités qu'elle révèle ou génère.
En novembre 2011, j'ai amorcé le projet
a _ t e m p _ s
au
s.p.a.m., studio de recherche musicale nîmois.
À
mains d’œuvres, je souhaiterais prolonger cette expérience vis-à-vis des idées que je vais développer ci-dessous. Pour ce faire, mon principal outil sera un enregistreur.
D'abord, premier constat évident, il faudra bien s'y résoudre : Dominique sera absente du 5 au 9 mars.
Or mon projet vise notamment, sur chaque temps de résidence, à rencontrer une ou un artiste, peu importe le champ dans lequel elle ou il évolue, et à confronter nos démarches.
Comment rencontrer alors la démarche de Dominique en son absence ? Comment travailler sur cette absence ?
Ma première envie : écouter les sons et silences que Dominique aurait laissés après elle.
Je chercherais par exemple des indices sur l'endroit où elle s'est mise en boule pendant 2h30 et tenterais d'imaginer le son de ce moment.
Je chercherais aussi à savoir de quelle manière elle a déjà habité le lieu. Que reste-il par exemple des dîners, de ces tentatives de chansons ?
Il faudrait par ailleurs envisager de suivre les traces de cette fameuse course folle qui l'a menée jusqu'à Noisy-le-sec, et découvrir les sons typiques et marqueurs de lieux.
Je me propose donc d'enregistrer ces sons et silences pour les partager in fine : inviter un public afin de lui proposer un moment d'écoute de l'absence de Dominique ...
Voilà donc ma réponse à cette invitation dont la phrase ci-dessous résume assez bien un endroit possible de rencontre :
« Je veux que vous trouviez le temps de venir constater les effets que toutes ces activités produisent sur mon occupation de la galerie de Main d’œuvres, sur mes hémisphères gauche-droit, sur toute l'architecture de la rue Charles Garnier. »
Dominique Gilliot
Enfin, j'ajoute ces deux citations de Douglas Huebler et de Francis Alÿs qu'il me plaît de rapprocher ici:
« Le monde est rempli d'objets, plus ou moins intéressants, je n'ai aucune envie d'en ajouter même un seul.
Je préfère simplement constater l'existence des choses en terme de temps et/ou de lieu. »
Douglas Huebler, « 'Variable', etc. »
ouvrage publié à l'occasion de l'exposition de Douglas Huebler : F.R.A.C. Limousin, 1993
« [...] ma première impulsion n'était pas d'ajouter quelque chose [...] mais plutôt d'absorber ce qui était déjà là, de travailler à partir des résidus ou des espaces négatifs, des trous, des espaces entre... »
James Lingwood. « Rumours . A conversation between Francis Alÿs et James Lingwood,
in Françs Alÿs : Seven Walks, Artangel, Londres 2005, p44
Bruxelles, mardi 28 février 2012